La transition énergétique et la lutte contre la pollution atmosphérique sont devenues des enjeux majeurs pour les grandes agglomérations. À Lyon, la mise en place prochaine de la Zone à Faibles Émissions (ZFE), qui interdira dès 2025 la circulation des véhicules classés Crit’Air 3, soulève de nombreuses inquiétudes chez les automobilistes. Comment concilier les objectifs environnementaux et les réalités socio-économiques ? C’est tout l’enjeu auquel la métropole doit faire face.
Les vignettes Crit’Air, de 1 à 5, classent les véhicules en fonction de leurs émissions polluantes, les Crit’Air 1 et 2 étant les moins émetteurs. La ZFE s’appliquera sur l’ensemble de la métropole et ses 59 communes. Un coup dur pour de nombreux propriétaires de véhicules anciens.
« Comment on va faire? » : l’inquiétude des Lyonnais
« Je n’ai pas les moyens de changer de voiture, comment je vais faire? » s’interroge Sylvie, une habitante de Vénissieux. Son véhicule Crit’Air 3, un diesel de 2010, sera bientôt interdit de circuler dans la ZFE. Une situation partagée par de nombreux Lyonnais rencontrés.
« Je suis ouvrier et j’ai besoin de ma voiture pour aller travailler, explique Karim. Avec mes revenus, c’est impossible d’acheter un véhicule récent ou électrique. » D’autres envisagent de prendre le risque de circuler malgré l’interdiction, au prix d’amendes salées. Pour ceux qui n’ont pas d’autre choix que de se déplacer en voiture, envisager la location de véhicules à Lyon pourrait offrir une alternative viable, à condition de bénéficier d’offres adaptées et accessibles.
La métropole a cependant mis en place un dispositif « petit rouleur », qui permet aux conducteurs de véhicules polluants de bénéficier d’un nombre limité de trajets annuels dans la ZFE. Ce dispositif vise à offrir une certaine souplesse, notamment pour les personnes ayant un besoin occasionnel de leur voiture, comme se rendre à des rendez-vous médicaux ou professionnels essentiels, mais il reste insuffisant pour répondre aux problématiques quotidiennes de nombreux habitants dépendants de leur véhicule.
Des élus demandent plus de souplesse
Face à ces difficultés, certains élus appellent à revoir la copie. « Il faut différer ou élargir les dérogations, surtout pour les travailleurs qui n’ont pas d’autre choix que la voiture » plaide Idir Boumertit, député LFI du Rhône.
L’ex-président de la métropole David Kimelfeld dénonce également « un manque d’accompagnement pour le remplacement des vieux véhicules ». Des aides existent pourtant, la collectivité ayant débloqué près de 900.000 euros.
Si la ZFE répond à un impératif sanitaire et environnemental, son application soulève des défis sociaux de taille. En interdisant les Crit’Air 3 dès 2025, la métropole de Lyon prend un virage engagé vers une mobilité plus propre. Mais les autorités devront trouver les bons leviers, aides financières ou alternatives de transport, pour permettre à tous les habitants d’effectuer cette transition dans les meilleures conditions.
Sur le plan technique, le classement Crit’Air, basé sur les normes d’émissions, demeure un outil efficace mais imparfait pour discriminer les véhicules les plus polluants. À terme, une approche combinant l’âge du véhicule, son kilométrage et ses réelles émissions en conditions réelles d’utilisation serait sans doute plus pertinente.